Ainsi le moi peut par cette explication s’identifier à la persona, en relation Gwyneth paltrow 619 mots | 3 pages. Shakespeare in Love de John Madden. Cette consécration professionnelle coïncide dans le temps, avec sa rupture d'avec Brad Pitt. Convoitée par les duos Michael Douglas / Viggo Mortensen dans Meurtre parfait et Jude Law / Matt Damon dans Le
Résumé Un inconnu le suivait. Il n'avait pas du tout l'air d'un policier ni d'un détective. Il avait l'air d'un homme d'affaires. Tom entra chez Raoul. L'homme était entré lui aussi dans le bar et s'était approché de lui " Je m'appelle Herbert Greenleaf, je suis le père de Richard Greenleaf, vous êtes un ami de Richard n'est-ce pas ? " Ce nom lui disait quelque chose. Un grand type blond. Il avait beaucoup d'argent, Tom s'en souvenait. " Dickie est en Europe depuis deux ans. Je voudrais qu'il revienne. Sa mère est très malade. Enfin ce sont des histoires de famille. Je suis navré de vous ennuyer avec cela. Vous êtes le premier des amis de Richard qui accepte de m'écouter ". Tom se souvenait maintenant que l'argent de Dickie venait d'une société de constructions navales. Une affaire de petits voiliers. Sans doute son père voulait-il que Dickie rentrât pour reprendre la maison. Mr. Greenleaf fixait sur Tom un regard avide, pathétique. Tom pensa que Dickie avait 25 ans comme lui. Il avait de l'argent, une maison, un bateau. Pourquoi aurait-il envie de rentrer ? Dickie avait de la chance. Que faisait-il lui, Tom, à 25 ans. Il vivait à la petite semaine. Sans compte en banque et pour la première fois de sa vie il en était à éviter la police. " Je ne sais pas si vous envisagez ou non un voyage en Europe…continua Mr. Greenleaf. Si vous alliez là bas je serai trop heureux de prendre tous vos frais à ma charge. Richard a toujours subi l'influence de ses amis. Je suis sûr qu'il vous écouterait, si vous lui expliquiez nettement pourquoi vous estimez qu'il doit rentrer ". Tom sursauta. Il prit un air songeur. Il y avait là une possibilité. Son instinct l'avait flairée et était en alerte avant même que son cerveau eût appréhendé la chose. " Ce serait peut-être possible ", dit-il prudemment. Je serai ravi de revoir Richard…surtout si vous croyez que je puisse être de quelque utilité ". Mr. Gréenleaf avait proposé de le déposer en taxi, mais Tom ne voulait pas lui faire voir où il habitait dans un immeuble en grès sordide, entre la Troisième et la Deuxième Avenue. Depuis quelque temps il avait toujours l'impression d'être suivi. Il monta les marches en courant. Il pouvait se féliciter, ce soir, se dit-il. Il avait été parfait. Dès qu'il pourrait avoir son passeport, il s'embarquerait pour l'Europe, sans doute dans une cabine de première. Des domestiques lui apporteraient des choses quand il presserait un bouton ! Il s'habillerait pour le dîner, entrerait d'un pas nonchalant dans une vaste salle à manger comme un gentleman. Il commençait une vie nouvelle. Il recommençait à zéro. Il avait des talents multiples et le monde était grand ! Et voilà maintenant qu'il avait les larmes aux yeux ; brusquement il se prit la tête à deux mains et se mit à sangloter. Allongé dans son transat, fortifié moralement par le luxe qui l'entourait, Tom essaya d'examiner son passé d'un œil objectif. Les quatre dernières années avaient été gâchées. Elles avaient consisté en une série d'emplois passagers, coupé de longues et périlleuses périodes où il n'avait pas d'emplois du tout, où par conséquent il était démoralisé parce qu'il n'avait pas d'argent, et où il se liait avec des gens stupides pour ne pas être seul. Les jours suivants, dans le train qui l'emmenait en Italie, il eût la vision fugitive, par une fenêtre de gare, de Paris. Il se dit qu'il pourrait y revenir. A Mongibello il finit par trouver Dickie sur la plage. Il était avec Marge Sherwood et ne semblait guère se souvenir de Tom. Un quart d'heure après, Tom était assis dans un confortable fauteuil en osier sur la terrasse de Dickie, avec un whisky à la main. Pendant qu'il était sous la douche, la table avait été dressée pour trois couverts, sur la terrasse et Marge était maintenant dans la cuisine où elle parlait en italien avec la bonne. Dickie semblait de mauvaise humeur. Le jour même Tom prit une chambre à l'hôtel Miramare. Par la fenêtre il aperçut Dickie et Marge qui montaient dans le bateau. Tom comprit qu'il les voyait vivre une de leurs journées types la sieste après un déjeuner tardif, probablement, puis une promenade dans le bateau de Dick au coucher du soleil. Pourquoi Dickie aurait-il envie d'aller retrouver le métro, les taxis, les cols amidonnés et un travail de neuf heures à cinq heures ? Ou même une voiture conduite par un chauffeur et des vacances en Floride et dans le Maine ? Ce n'était pas aussi drôle que d'aller se promener en bateau à voiles dans de vieux vêtements, et de n'avoir à répondre à personne de son emploi du temps. Et de l'argent par-dessus le marché pour voyager si le désir vous en prenait. Tom envia Dick et fut saisi, en pensant à lui, d'une violente sensation de jalousie en même temps qu'il s'apitoyait sur son sort. Tom laissa passer trois jours. Tom savait que la première chose à faire c'était d'amener Dickie à le trouver sympathique et c'était la chose à quoi il tenait plus que tout au monde. Pour l'instant il se sentait au bord de l'échec. - Je crois que j'ai encore une chose à vous dire, fit Tom en souriant. C'est que votre père m'a envoyé ici spécialement pour vous demander de rentrer. C'était sa dernière chance, la seule qui lui restait d'amuser Dickie ou de l'écœurer, de le faire éclater de rire ou s'en aller, dégoûté, en claquant la porte. Mais ce fut le sourire qui apparut. Tom y mit beaucoup de drôlerie, sa langue continuait à s'agiter presque indépendamment de son cerveau. Son cerveau évaluait jusqu'à quel point ses actions montaient auprès de Dickie et de Marge. Le lendemain matin il s'installa chez Dickie. Dickie lui proposa une escapade à Naples et à Rome. Tom avait remarqué que Dickie était beau. Il se distinguait du commun avec son long visage aux traits fins, son regard vif et intelligent, la fierté de son allure, quoi qu'il portât en guise de vêtements. Tom avait parfois l'impression de se regarder dans la glace. Ils étaient de la même grandeur tous les deux, et à peu près de la même corpulence et ils portaient des peignoirs de la même taille, des chaussettes de la même pointure, et probablement aussi des chemises de la même taille. Ils allaient chaque jour faire une promenade dans le bateau de Dickie. Il n'était plus question du départ de Tom. Depuis que Tom était arrivé, Marge se sentait un peu abandonnée. Il y avait quelque chose dans les yeux de Marge, quand elle était très sérieuse, qui lui donnait un air sage et vieux en dépit des vêtements simplets qu'elle portait, de ses cheveux balayés par le vent et de son apparence générale de cheftaine de boy-scouts. Elle paraissait comprendre que Dickie s'était lié plus intimement avec lui, Tom, simplement parce qu'il était un homme, qu'il n'aurait jamais pu le faire avec elle, qu'il l'aimât ou non, et il ne l'aimait pas. Une autre semaine s'écoula, une certaine tension s'était installée entre eux. Un jour Dickie lui avait dit - Marge croit que vous êtes une tapette. - Personne ne lui avait jamais dit ça, en face, aussi brutalement. - Dickie, je tiens à mettre ceci au point, commença Tom, je ne suis pas une tapette et je ne veux pas que personne s'imagine que j'en suis une. Il s'était conduit comme un idiot ! Il pensait qu'il était un des plus innocents et un des esprits les plus purs de tous les gens qu'il connaissait. C'était ce qui rendait d'autant plus amer ce malentendu avec Dickie. -Êtes-vous amoureux de Marge, Dickie ? - -Non, mais je la plains. Elle a été très gentille avec moi. Nous avons passé de bons moments ensemble. Vous n'avez pas l'air de comprendre -Je comprends très bien. Cela a toujours été l'impression que vous me faisiez tous les deux qu'en ce qui vous concernait, c'était un amour platonique et qu'elle était probablement amoureuse de vous. - -Je n'ai pas couché avec elle et je n'en ai pas l'intention, mais je tiens à conserver son amitié - Tom avait reçu une lettre de Mr Greenleaf lui disant que l'objectif n'ayant pas été atteint, il pouvait se sentir dégagé de toute obligation. Tom avait échoué. Il était tout seul. Dickie et Marge semblaient très loin, et ce qu'ils disaient perdait de son importance. Il commençait à sentir un frisson lui courir le long du dos, aux creux des reins. Avant de s'en aller définitivement Tom avait proposé à Dickie un petit voyage à Paris, mais Dickie avait opté pour San Remo. Marge déclara qu'elle était " lancée " dans son livre. Tom avait connu des écrivains. On ne faisait pas un livre comme ça, en passant la moitié de la journée sur la plage à se demander ce qu'on mangerait pour dîner. Mais il était ravi qu'elle fût justement " lancée " au moment où Dickie et lui voulaient aller à San Remo. Dickie ne desserra pas les dents dans le train. Feignant d'avoir envie de dormir, il croisa les bras et ferma les yeux. Tom sentait monter en lui un tourbillon d'émotions, où se mêlaient la haine, l'affection, l'impatience et la déception ; il en haletait. Il avait envie de tuer Dickie. Bientôt il allait quitter Dickie pour de bon, et de quoi pouvait-il encore avoir honte ? Une idée merveilleuse venait de le frapper il pourrait devenir lui-même Dickie Greenleaf. Il pourrait faire tout ce que faisait Dickie. A San Remo il y avait une dizaine de petits canots bleus et blancs, alignés près de l'appontement. Ils en louèrent un. Maintenant ils étaient seuls et fonçaient vers des eaux où l'on ne voyait aucun bateau. Tom était terrifié. Il avait peur mais pas de l'eau il avait peur de Dickie. Soudain il prit la rame comme pour jouer, et, puis il souleva l'aviron et en frappa de toutes ses forces la tête de Dickie. La rame fit une grande plaie qui se mit aussitôt à saigner. Maintenant Dickie était au fond du canot, et se tordait, secoué de convulsions. Tom le frappa à trois reprises sur le cou, à grands coups d'aviron comme si c'était une hache et que le cou de Dickie fût un arbre. Puis le corps affalé se détendit et s'immobilisa, sans vie. Tom se redressa, reprenant péniblement son souffle. Il regarda autour de lui. Il n'y avait pas une embarcation. Il se pencha et ôta la bague de Dickie qu'il fourra dans ses poches. Tom enroula la corde qui retenait le bloc de ciment qui servait d'encre autour des chevilles nues de Dickie, puis il fit un énorme nœud. Tom traîna le corps vers l'arrière, Dickie passa par-dessus bord. Il mit le cap sur la côte où il se dirigea vers une petite crique abandonnée. Tom décida de saborder le canot qu'il remplit de gros galets. Il travailla sans relâche jusqu'à ce que le canot finalement coule quelques mètres plus loin. Tom alors se traîna jusqu'à la plage et s'allongea un moment à plat ventre sur le sable. Il commença à tirer des plans pour ce qui lui restait maintenant à faire rentrer à l'hôtel, quitter San Remo avant la nuit, regagner Mongibello. Et là-bas trouver une histoire plausible à raconter. Le lendemain à 11 heures il était à Mongibello. - Dickie a décidé de s'installer à Rome, expliqua-t-il à Marge. Il me demande de reprendre toutes ses affaires, tout ce que je pourrai emporter. Il veut sans doute passer l'hiver à Rome. Il dit qu'il va vous écrire. Marge semblait complètement abattue. Tom savait qu'elle arrivait probablement à la conclusion qu'il allait certainement habiter avec Tom. Le lendemain il était à Rome où il s'installa dans un hôtel modeste près de la via Veneto. Il avait donné le passeport de Dickie et avait passé la soirée à imiter sa signature pour les chèques bancaires. Chaque instant était un plaisir pour Tom, qu'il fût seul où qu'il marchât dans les rues de Rome. " Il ne pourrait pas se sentir seul ou s'ennuyer, se dit-il, aussi longtemps qu'il serait Dickie Greenleaf. " Avec la machine à écrire de Dickie il avait adressé une lettre à Mr et Mme Greenleaf et une à Marge, il avait signé Dickie. Quelques jours plus tard il partait pour Paris en avion. A Orly l'inspecteur des douanes tamponna son passeport après avoir seulement jeté un coup d'œil sur lui; Tom avait fait légèrement éclaircir ses cheveux, les avait forcés à onduler un peu, il avait arboré l'expression vaguement tendue, vaguement soucieuse qu'avait Dickie sur la photo de son passeport. Son expression même était maintenant celle de Dickie. C'était merveilleux d'être assis dans un café célèbre, et de penser que demain, et demain et demain encore, il serait Dickie Greenleaf. C'était la véritable annihilation de son passé et de lui-même, Tom Ripley, qui appartenait à son passé, et sa renaissance sous une enveloppe absolument nouvelle. Après son voyage, un matin que Tom faisait ses bagages, on sonna à la porte. Freddie Miles, un ami de Dickie, entra, tournant de tous côtés d'un air inquisiteur son vilain visage criblé de tâches de rousseurs. - Qu'est-il arrivé à Dickie ? Freddie arpentait la pièce - vous habitez ici n'est-ce pas ? Je vois que Dickie vous a couvert de ses bijoux. Tom fut incapable de rien trouver à répondre. Puis Freddie sortit, sur le palier il questionnât la signora Buffi, enfin il revint sur ses pas. Freddie frappa à la porte. Tom s'empara d'un lourd cendrier de cristal. Pendant deux secondes encore il se demanda " Y a-t-il une autre solution ? " mais il était incapable de réfléchir. C'était la seule solution. Il ouvrit la porte de la main gauche. Sa main droite qui tenait le cendrier était en retrait. Freddie entra " Dites donc, voudriez vous m'expliquer…. ". Le rebord arrondi du cendrier le frappa au milieu du front. Il frappa encore et encore. Tom lui assena sur la tête un coup en oblique et le sang jaillit. Maintenant Tom contemplait le corps massif de Freddie et il se disait que c'était là un crime bien stupide, bien dangereux et bien gratuit. Il attendit jusqu'à près de 8 heures. En trébuchant il transporta Freddie jusqu'à la voiture que celui-ci avait garée devant la maison. Personne ne sortit ni entra par la grande porte en bas. Il semblait bénéficier d'une sorte de protection magique et de glisser comme dans un rêve malgré le fardeau qui pesait sur son épaule. Sur la via Appia il abandonna le corps de Freddie derrière un fragment de voûte qui devait être tout ce qui restait d'un tombeau. patricien. Tom remonta le col de son manteau et hâta le pas. A midi il sortit acheter les journaux. Toute la presse parlait de l'affaire. Tom se sentait déprimé, traqué. Puis la police était venue le questionner Dickie était le dernier à avoir vu Freddie. Le lendemain dans la dernière page du dernier quotidien du soir il lut Barca affondata con macchie di sangue trovata nell'acqua poco profonda vicino a San Remo. Il lut l'article rapidement, plus terrorisé que lorsqu'il avait descendu le corps de Freddie dans l'escalier ou que quand la police était venue l'interroger. C'était comme un cauchemar qui devenait réalité. La police était maintenant sur les traces de Tom Ripley qui semblait avoir mystérieusement disparu, Dickie semblait être soupçonné du meurtre de Freddie et de Ripley. C'était la fin de Dickie Greenleaf, il le savait. Il était navré de redevenir Thomas Ripley, navré d'être de nouveau un pauvre type, de reprendre ses habitudes et de sentir que les gens le regardaient de haut, qu'il les ennuyait sauf quand il faisait le clown pour eux. Il était désolé de se retrouver comme il aurait eu horreur de remettre un complet râpé, sale, mal repassé, qui n'était déjà pas très réussi quand il était neuf. Tom fit ses bagages et partit pour Venise. Il y était depuis quelques jours lorsque un article dans un journal avait attiré son attention " La police recherche l'américain disparu. Dickie Greenleaf, l'ami de Freddie Miles assassiné sur la Via Appia, a disparu après un voyage en Sicile. Tant qu'il ne se serait pas présenté à la police pour se laver de tout soupçon, on pouvait considérer qu'il avait les apparences contre lui. La police de Rome l'avait également convoqué pour répondre à certaines questions concernant la disparition de Tom Ripley, depuis sa convocation Mr Greenleaf semblait s'être volatilisé. " Tom pensait qu'il devrait se présenter sans tarder à la police. Il n'avait pas peur, mais il se disait que se présenter sous l'identité de Thomas Ripley allait être une des choses les plus attristantes qu'il eût faites dans sa vie. Tout se passait comme il avait espéré dans ses moments de plus fol optimisme la police n'avait rien contre lui, aucun soupçon. Tom se sentit soudain innocent et fort. Il avait envie de s'envoler tant il était content……Les idiots ! Dire qu'ils avaient sans cesse tourné autour du pot, sans jamais deviner. Et puis, le matin du 4 avril, il reçut un coup de téléphone de Marge. Elle était à Venise, à la gare. Tom l'installa dans sa propre chambre et Marge referma sa porte pour faire la sieste après le déjeuner. Tom téléphona à Mr Greenleaf qui était arrivé à Rome. Celui-ci se montra plus aimable que Tom ne l'avait escompté. " Je commence à croire que Dickie est mort. Je ne sais pas pourquoi mais ces italiens n'ont pas l'air de vouloir admettre cette possibilité. Ils se comportent comme des amateurs…de vieilles dames jouant aux détectives. Je n'ai jamais considéré mon fils comme très équilibré, Tom. " Marge et Mr Greenleaf avaient accepté la thèse du suicide. Tom savait que, suicide ou fuite, dans l'un comme dans l'autre cas la conduite de Dickie paraîtrait également répréhensible aux yeux de Mr. Greenleaf. Cher Mr. Greenleaf, En faisant ma valise hier, je suis tombé sur une enveloppe que Richard m'avait remise à Rome et dont j'avais oublié l'existence. L'enveloppe contenait le testament de Richard, et il me laisse tout ce qu'il possède. Je regrette seulement de ne plus avoir pensé à cette enveloppe car cela nous aurait prouvé depuis bien longtemps que Dickie avait l'intention d'attenter à ses jours. Que dois-je faire ? Ma prochaine adresse sera c/o American Express Athènes Grèce. Bien sûr c'était un peu jouer avec le feu, se dit Tom. Le risque même qu'il prenait en essayant de mettre le grappin sur tout ce que possédait Dickie, le danger de l'entreprise l'attirait irrésistiblement. Il s'ennuyait tant après les mornes semaines passées à Venise où chaque jour semblait mieux asseoir sa sécurité et souligner la monotonie de son existence. Tom s'embarqua pour la Grèce. La police attendait sur les quais. Les policiers les bras croisés, le regardaient s'approcher. Tom esquissa un faible sourire. Tom se trouvait maintenant presque entre deux policiers, juste en face du Kiosque, et les deux hommes regardaient toujours droit devant eux, sans lui prêter la moindre attention. A l'American Express il trouva une lettre de Mr Greenleaf Mon cher Tom, Comme vous le faites remarquer, ce testament semble hélas ! indiquer que Richard s'est suicidé. C'est une conclusion à laquelle nous avons fini par nous résigner. Ma femme estime comme moi que, quoi qu'ait pu faire Richard, nous devons respecter ses volontés. En ce qui concerne le testament, vous avez donc mon appui sans réserve. Avec tous nos meilleurs vœux. Etait-ce une plaisanterie ? Ce n'était pas une farce !C'était bien à lui ! L'argent de Dickie, la liberté ! Et comme tout le reste, c'était une double liberté, la sienne et celle de Dickie. " A donda, a donda ? demandait le chauffeur de taxi, essayant de parler italien. - A l'hôtel, s'il vous plaît, dit Tom. Il meglio albergo. Il meglio, il meglio ! " Commentaires Ce roman a été défini par le The Times comme " superbement amoral " et a reçu le Grand Prix de littérature policière en 1957. Patricia Highsmith écrit "Si un auteur de romans à suspense écrit sur des meurtriers et des victimes, ces gens pris dans le tourbillon vertigineux d'événements terribles, il doit faire mieux que décrire la brutalité et l'horreur. Il doit s'intéresser à la justice, à sa présence dans ce monde et aussi à son absence. Il doit s'intéresser au bien et au mal, à la lâcheté et au courage. Il doit s'intéresser à ces forces autrement que pour faire avancer son intrigue dans la bonne direction. En un mot, ses personnages inventés doivent paraître réels. " Tom Ripley est quelqu'un qui n'a pas réussi sa vie. Depuis qu'il est petit la malchance est au rendez-vous. Orphelin il a été élevé par sa tante Dottie qui ne l'aime guère et le traite de fillette. A 17ans il s'enfouit de la maison et il est ramené, il recommencé à 20 ans et cette fois il réussit. Et pourtant Tom a toujours besoin de sa tante et de ses chèques minables. Patricia Highsmith écrit " Il avait passé tant de temps à haïr tante Dottie et à chercher comment lui échapper qu'il n'avait plus eu assez de temps pour devenir adulte ". Ripley manque d'identité. Il veut être quelqu'un, même s'il doit tricher ou voler. Ambitieux, il manque de remords. Très tôt il éprouve un sentiment d'injustice. Il se sait intelligent mais il n'arrive pas à mettre à profit ses multiples talents. Lorsque l'occasion lui est donnée de changer de vie il sait qu'il recommence à zéro. Tom Ripley est malheureux et ressemble à ces psychopathes qui ont des accents récurrents de dépression et d'hypocondrie, mais il maîtrise l'aliénation et la dérive. Tom s'ennuie avec sa propre vie et a une envie explosive de chance et de puissance. Il occupe une position faible dans le grand jeu de la vie. C'est pourquoi il se sent justifié lorsqu'il adopte les moyens qu'il considère nécessaires pour poursuivre son but. Psychologiquement inhumain dans le sens le plus profond, ses émotions et sa conscience ont été amputées et remplacées par des imitations fantômes. Impossible de percer sa façade. Son identité sexuelle n'est pas entièrement formée. Patricia Highsmith fait dire à son personnage " Je n'arrive pas à décider si je préfère les hommes ou les femmes, alors je songe à renoncer aux deux. ". Tom est également à la recherche d'une famille. En Dickie il aperçoit le frère qu'il n'a jamais eu. Tom éprouve tout d'abord pour Dickie Greenleaf une sorte de sentiment mêlé d'affection et de haine. Mais Dickie est cruel et ne cache pas à Tom son soulagement de le voir partir et décommande avec désinvolture des plans qu'ils ont fait ensemble. Lorsque Tom se sent exclu de sa vie et lorsque Marge et Dickie le laissent peu à peu en dehors de leurs préparatifs de départ il sent qu'il est tout seul. Alors un sentiment furieux de jalousie s'empare de lui. Puisque Dickie ne veut pas partager sa vie avec lui, il va s'emparer de la sienne et prendre son identité, il va devenir lui-même Dickie Greenleaf et faire tout ce que fait Dickie. Il s'identifie à tel point à Dickie qu'il échange l'expression timide et un peu affolée de Tom Ripley contre l'assurance, l'humeur et le tempérament de son ami. Il répète soigneusement ce rôle et il a l'impression qu'il a le monde entier pour public et c'est une impression qui le stimule car la moindre erreur peut être catastrophique. " Cela donnait à son existence une atmosphère particulièrement délicieuse de pureté, un peu comme ce qu'éprouve un bon comédien quand il joue un rôle important sur une scène, avec la conviction que personne d'autre ne pourrait mieux que lui le tenir. Et pourtant il est seul, et le jeu qu'il joue est un jeu solitaire. Tom ne perd jamais le sens des réalités. Tandis qu'il fusionne graduellement avec l'objet de son émulation admirative, il peut toujours faire la différence. Et alors qu'il assume le nom de son ami, qu'il porte ses vêtements, encaisse ses chèques, il sait que ses actes sont illégaux. Patricia Highsmith a exploré la psychologie, la culpabilité et le comportement anormal d'un individu dans un monde sans terre morale ferme Par un réseau d'observations minutieuses, souvent cruelles, Patricia Highsmith met en place un scénario étouffé qui conduit à un dénouement d'une logique implacable. Le propos est centré sur le comportement et la psychologie du coupable, vu comme une victime. La violence ne se déclenche que lorsque la folie gagne le héros menacé de perdre ses repères. Mr Ripley sort en 1955, et ses aventures devaient séduire des cinéastes comme René Clément Plein Soleil en 1956 avec Alain Delon et Marie Laforêt. Dans cette version la fin est " morale ", car il se fait prendre, contrairement à ce qui se passe dans le roman. Un remake de ce succès a été tourné en l'an 2000, Le talentueux Mr. Ripley, avec Matt Damon et Gwyneth Paltrow. Le film a été dirigé par Antony Minghella. Ripley a inspiré le film de Wim Wenders Friend.1977 Biographie Cet écrivain classé, à son corps défendant, comme auteur de romans policiers, revendique pour maîtres Henry James et Dostoïevski. Débouchant souvent sur le fantastique L'Amateur d'escargot, 1975, ou Catastrophes, 1987, le récit peut atteindre l'horreur, comme dans Le Journal d'Edith 1977 qui relate la lente décomposition d'une Américaine ordinaire. Ce texte, qu'elle qualifie de " livre sur le métier de femme", contient une phrase que Patricia Highsmith a faite sienne " Ne pense pas, mais avance. " Autre livre à part, publié sous le pseudonyme de Claire Morgan, Les Eaux dérobées 1952 est un plaidoyer en faveur des lesbiennes." Patricia Highsmith est une femme d'angoisse et de mystères. La reine américaine du polar habitait à Locarno, dans le Tessin. Elle est née Mary Patricia Plangman en 1921, à Fort Worth dans le Texas. Ses parents, deux créateurs publicitaires, se sont séparés avant sa naissance. Son père était de descendance allemande et elle ne l'a rencontré qu'à l'âge de douze ans, le nom de famille Highsmith était de son beau père. Sa mère n'étant pas particulièrement aimante, Patricia est en fait élevée par sa grand-mère, à New York. Elle manifeste très tôt de réels talents pour la peinture et la sculpture. Mais plus que tout, la jeune fille veut écrire. C'est à cette époque qu'elle commence à écrire des nouvelles. Elle étudie à la Julia Richmond Highschool de New York et obtient sa licence en latin, anglais et grec en 1942. Elle en termine avec ses études en 1942 pour gagner sa vie, d'abord dans une agence de publicité, puis comme scénariste de bandes dessinées. En 1944, elle place sa première nouvelle, L'Héroïne, dans la prestigieuse revue Harper's Bazaar. Puis elle s'attaque avec acharnement à son premier roman. L'Inconnu du Nord-Express paraît en 1950, immédiatement salué par la critique. Ce récit a donné la tonalité à ses romans, dans lesquels deux mondes différents se mêlent et la frontière entre les personnes normales et anormales est vague et peut-être inexistante. "N'importe qui peut assassiner. C'est une question de circonstances, cela n'a rien à voir avec le tempérament!. Quiconque. Même votre grand-mère ". Alfred Hitchcock en acquiert les droits pour le cinéma le bougre a caché son nom dans la transaction pour ne payer que 7 500 dollars ! Le succès du film assure la notoriété à la demoiselle de 29 ans. Le livre et le film sont considérés classique dans le domaine de suspens. C'est lors d'un voyage en Europe en 1951 que naît son futur grand personnage et double de fiction Tom Ripley, dandy bisexuel, amateur d'art et faussaire, criminel cynique mais attirant. Le cinéma s'est en tout cas régalé de ses romans d'angoisse et de ses puzzles psychologiques Wim Wenders adapte Ripley s'amuse pour L'Ami américain; Michel Deville Eaux profondes et d'autres cinéastes s'inspirent de ses œuvres, Claude Chabrol adapte Le Cri du Hibou. S'ils sont tous européens, est-ce parce que cette Américaine est plus appréciée de ce côté de l'Atlantique, où elle vit depuis 1952 ? Sous le pseudonyme de Claire Morgan, elle édite en 1953 Carol, qui se vend à presque un million d'exemplaires. Le ton cruel et mystérieux des romans de l'écrivain américain a séduit le grand public. Souvent dans ses romans il est question d'identité, d'effacement et double personnalité. Patricia Highsmith poursuit la série des Ripley avec notamment Rypley et les ombres en 1970, Sur les pas de Ripley en 1980 et Ripley entre deux eaux en 1991. A partir de 1963, Patricia Highsmith parcourt l'Europe, se pose un temps en Cornouailles, puis en France dans les années 1970. L'écrivain - admirée par Graham Greene - se retire alors dans une maison isolée proche de Locarno, dans le canton du Tessin au climat méditerranéen. Elle poursuit son œuvre, vivant toujours seule car elle ne supporte pas la moindre présence humaine quand elle écrit elle se passionne en revanche pour les animaux, fouillant toujours plus profond les tourments de l'âme de ses êtres de fiction apparemment ordinaires, mais plus sûrement effroyables. Cette exploration l'intéresse bien plus que les intrigues criminelles. "Je n'ai aucun goût pour les romans de détection", rappelait celle qui jamais ne lut Conan Doyle ou Agatha Christie. Highsmith s'est éteinte le 4 février 1995, à 74 ans. La romancière, qui a publié 22 romans et 7 nouvelles a légué aux Archives littéraires suisses une collection de plus de 250 textes inédits. Dans l'histoire des femmes, année après année de 1900 à 1989, intitulée le XXe siècle des femmes, Florence Montreynaud présente l'écrivain américain Patricia Highsmith dans un article titré "Meurtres anglais" Elle a réussi à créer son propre univers, un univers où nous pénétrons chaque fois avec un sentiment personnel de danger " Graham Greene. Il y a en effet un sentiment de menace derrière la plupart des romans de Highsmith. Parfois ses histoire courtes, puissantes et refroidissantes laissent percer l'idée que le monde est plus dangereux que ce qu'on avait imaginé. Russel Harrison a suggéré que la fiction de Highsmith démontre des éléments d'existentialisme comme liés à Sartre et à Camus. Origine du roman policier Polar, suspense, thriller, roman noir… à quelques nuances près, derrière ces appellations se cache un genre bien à part, et à part entière, de la littérature celle dite policière. Si son origine remonte à la nuit des temps avec des réminiscences d'enquêtes dans la tragédie grecque et les légendes arabes, et bien plus tard dans le Zadig de Voltaire, la naissance du genre date du milieu du XIXe siècle, dans le sillage du roman gothique et des romans-feuilletons. L'invention de la littérature policière est attribuée à Edgar Allan Poe aux États-Unis, tandis qu'à la même époque, en France, les œuvres d'Alexandre Dumas, Paul Féval, Victor Hugo, Eugène Sue et, bien sûr, Honoré de Balzac et Émile Gaboriau, font figure de référence pour annoncer l'effort d'une littérature qui emprunte aux faits divers d'une société en ébullition. Littérature populaire par excellence, elle s'est considérablement développée en un siècle et demi et nous laisse aujourd'hui une abondante bibliothèque noire où les noms de Sherlock Holmes A. Conan Doyle et de Philip Marlowe R. Chandler, d'Hercule Poirot A. Christie et de Fantômas M. Allain et P. Souvestre, d'Arsène Lupin M. Leblanc et de Nestor Burma L. Malet, de Sam Spade D. Hammet et de Jules Maigret G. Simenon jusqu'aux héros contemporains du néo-polar. Edgar Allan Poe 1809-1849, poète, journaliste et écrivain américain, a été découvert en France grâce aux traductions de Baudelaire et de Mallarmé. Il publie ses premiers contes dans The Courrier à partir de 1832 et devient critique et rédacteur, puis directeur pour plusieurs journaux. En avril 1841, il fait paraître dans le Graham's Magazine de Philadelphie une nouvelle intitulée Double assassinat dans le rue Morgue dont chacun s'accorde à dire qu'il s'agit du premier récit de détection criminelle mettant en scène, avec le Chevalier Dupin, le premier archétype du détective privé amateur. Un Sherlock Holmes avant la lettre ! Mais c'est en France qu'Edgar Poe a trouvé ses influences en s'inspirant du personnage de Vidocq ancien bagnard devenu chef de la Sûreté à partir de 1811 et des récits d'Honoré de Balzac 1799-1850, s'appuyant eux-mêmes sur les mémoires de Vidocq parues en 1828. Dès le Père Goriot 1833, en effet, c'est sous son nom de Vautrin que Vidocq apparaît dans l'œuvre de Balzac. Edgar Poe, lui, en nommant son héros Charles-Auguste Dupin, puise également dans l'histoire réelle de Vidocq en lui empruntant le nom d'un mathématicien français cité par le chef de la Police dans ses "mémoires". 1841 est également l'année où Balzac publie, dès le mois de janvier, en feuilleton dans le journal Le Commerce, Une ténébreuse affaire. Ce récit, pour autant peu considéré comme le premier du genre, est donc antérieur au Double assassinat. Laissons les exégètes se disputer sur la paternité du polar pour n'en retenir qu'une seule certitude le genre est bien né en l'an 1841, parallèlement sur l'Ancien et le Nouveau Continent ! Dès lors l'exercice de style intéresse de nombreux écrivains du XIXe, à commencer par Émile Gaboriau 1832-1873 qui le développera comme un genre à part entière. Pour la petite histoire, Gaboriau avait été dans sa jeunesse le secrétaire de Paul Féval auteur des romans de cape et d'épée Le Bossu, Les Habits noirs…. Le Crime d'Orcival, Le Dossier 113, La Corde au cou, mettent en scène l'inspecteur Lecocq, premier policier de la littérature policière à utiliser la déduction logique et l'examen des indices, avec moulage d'empreintes, élaboration des plans des lieux du crime… Le véritable enquêteur est né. Tout est fait alors pour annoncer la naissance du génie de l'intuition et de la déduction Sherlock Holmes. Arthur Conan Doyle 1859-1930, médecin et romancier écossais, invente son célèbre détective en 1887 avec Une étude en rouge, roman publié, comme il était coutume à l'époque, en feuilleton dans un journal. Après quelques aventures et seulement six années d'existence, Conan Doyle décide de faire mourir son héros dans Le Dernier problème 1893, mais il est contraint de le ressusciter dix ans plus tard avec La Maison vide, 1903, les lecteurs anglais ayant considéré cette mort prématurée comme une catastrophe nationale ! Gaston Leroux 1838-1927 et son fameux reporter-détective Rouletabille illustre brillamment le propos avec Le Mystère de la chambre jaune 1907 et Le Parfum de la dame en noir 1909. Mais c'est surtout Agatha Christie 1890-1976 qui a porté l'exercice jusqu'à en faire une spécialité anglaise. Avec elle, le roman policier devient un jeu cérébral dans lequel le lecteur est appelé à participer. À lui de décortiquer l'intrigue et de relever les moindres indices afin de découvrir la clef de l'énigme avant le terme de l'ouvrage. À la même époque, Arsène Lupin, sous la plume de Maurice Leblanc 1864-1941, séduit avec sa personnalité de gentleman cambrioleur, narguant la police et détroussant les riches, tout en dénouant des intrigues à la place de la Justice. Il déchiffre avec une extrême aisance les messages codés et excelle dans l'art du déguisement et des intrusions les plus discrètes. Ses méfaits sont toujours pleins d'inventivité et ne manquent jamais d'élégance. En 1911, deux journalistes sportifs, Pierre Souvestre et Marcel Allain, vont créer un anti-Lupin Fantômas, le génie du mal, qui deviendra très vite populaire jusqu'à connaître un succès sans précédent et qui séduira les milieux littéraires. Apollinaire, Cendras, Cocteau, Artaud, et plus tard Queneau, furent des inconditionnels. Les premières années du XXe siècle sont décidément riches en événements littéraires pour l'essor du roman policier. En 1927, Albert Pigasse crée la collection Le Masque -première collection policière française- en commençant par traduire les romans d'A. Christie. Comme en France avec les romans-feuilletons, les États-Unis ont connu leurs publications de romans populaires avec les dime-novels, fascicules vendus au prix unique de 10 cents, soit un dime, qui proposaient chaque semaine un récit d'aventure. Les dime-novels sont les ancêtres des fameux pulps qui apparaissent au début des années 1920. C'est au sein de ces magazines aux couvertures aguichantes, et plus particulièrement du pulp Black Mask que va émerger, dans un climat social propice, l'école du roman noir américain, avec Dashiell Hammet pour père fondateur. Hammett inaugure une longue série de détectives légendaires, comme ce sera le cas plus tard dans Le Faucon de Malte avec Sam Spade. Raymond Chandler 1888-1959, lui aussi issu de Black Mask, publie son premier roman en 1939, Le Grand sommeil, avec l'apparition du détective Philip Marlowe. L'Amérique des années 20 à 40 est celle de la crise, de la Prohibition, de la corruption, des gangsters, de la violence au quotidien. C'est dans ce climat sordide et cynique que le roman noir ne pose plus ou peu la question " Qui a tué ? " mais plutôt celle de savoir pourquoi y a-t-il eu un meurtre. Comme aux États-Unis une vingtaine d'années plus tôt, c'est bien évidemment le contexte politico-social qui inspire l'évolution de la littérature policière, du genre " à énigme " à celui de " roman noir ". Au cours de la période sombre de l'Occupation, un jeune homme de 34 ans, issu du mouvement des surréalistes, publie 120, rue de la Gare. Avec cette première aventure de Nestor Burma, Léo Malet 1909-1996 ouvrait alors la porte d'une nouvelle forme d'enquête policière, davantage ancrée dans la réalité brute. Après la Libération, en 1945, Marcel Duhamel -un autre surréaliste ! - crée la Série Noire aux éditions Gallimard pour traduire des auteurs anglo-saxons.. Dans les années 50, des auteurs tels que Albert Simonin, Auguste Le Breton ou encore José Giovanni, amènent au roman noir le langage argotique emprunté au " milieu ", lequel est abondamment présent dans leurs œuvres. C'est la grande époque des malfrats et des tractions-avant, des casses et des évasions, celle de Touchez pas au grisbi !, Le Cave se rebiffe, Le Rouge set mis, Du rififi chez les hommes, Razzia sur la chnouf, Le Trou, Le Doulos… qui inspirent aussi le cinéma de l'époque. Enfin, on ne peut pas parler de littérature policière francophone sans évoquer le Belge Georges Simenon 1903-1989 dont le nom, ainsi que celui de son commissaire Maigret restent, dans la mémoire populaire, indissociablement liés au polar, au sens générique du terme. De même, l'inclassable Frédéric Dard et son personnage fétiche San-Antonio tient une place à part dans le paysage de la littérature policière. Créée en 1952 avec Réglez lui son compte en pastichant les polars de Peter Cheyney, la série devient vite très populaire et compte aujourd'hui plus de 150 titres. En marge de la série San-Antonio, Frédéric Dard est également l'auteur de quelques excellents titres dans la veine du roman noir Les Salauds vont en enfer, Coma, Le Bourreau pleure…. C'est au début des années 70 qu'apparaît le néo-polar avec pour chef de file Jean-Patrick Manchette 1942-1995. Dans les années 68 le roman noir devient politiquement militant et socialement engagé. Dès le début du cinéma la littérature policière a inspiré les tourneurs de manivelle et l'histoire du septième art a toujours suivi l'évolution du genre dans chacune de ses époques. Aux États-Unis également les nouveaux cinéastes empruntent à la richesse de la production littéraire du genre. La liste est longue et en constante évolution, prouvant bien que la littérature policière et cinéma font bon ménage. Vidéos Adaptation cinématographique Plein Soleil est un film réalisé par René Clément, sorti sur les écrans le 10 mars 1960 d'après le roman de Patricia Highsmith The Talented Mr. Ripley Alain Delon Tom Ripley/Philippe Greenleaf Maurice Ronet Philippe Greenleaf Marie Laforêt Marge Duval Musique Nino Rota Le Talentueux Mr Ripley The Talented Mr. Ripley est un film américain réalisé par Anthony Minghella, sorti en 1999. Quarante ans après le film de René Clément, avec Alain Delon, Anthony Minghella adapte le roman de Patricia Highsmith, Mr Ripley, plus connu en France sous le nom de Plein soleil. Au final, on retrouve un thriller machiavélique avec le trio Matt Damon, Jude Law et Gwyneth Paltrow, ainsi qu'une bande originale exceptionnelle emmenée par les plus grands noms du jazz. A noter également que l'adaptation de Minghella est plus proche du roman d'Highsmith, notamment en ce qui concerne l'ambiguïté de l'orientation sexuelle du personnage joué par Matt Damon. Musique Gabriel Yared Matt Damon Tom Ripley Gwyneth Paltrow Marge Sherwood Jude Law Dickie Greenleaf Retour à la page d'accueil Retour à l'index de littérature
2008/2022 - Le Conte du tonneau de Jonathan Swift explication; 20/08/2022 - Le talentueux M. Ripley de Patricia Highsmith Résumé et analyse; 20/08/2022 - La Recluse de Wildfell Hall d'Anne Brontë Résumé et analyse; 19/08/2022 - Une étude en rouge de Arthur Conan Doyle Résumé et analyse; 19/08/2022 - Le Banquet de Platon Résumé
ARTE diffuse Le Talentueux Monsieur Ripley The Talented Mr. Ripley, 1999 de Anthony Minghella dimanche 29 novembre à 20h45. À la fin des années 50, un jeune homme sans situation, Tom Ripley Matt Damon, excellent, est chargé par un riche industriel américain de ramener son fils Dickie Jude Law, assez drôle relooké en Helmut Berger parti faire la nouba en Italie. Ripley devient l’ami du riche héritier, le tue et endosse son identité, plongeant dans une spirale de mensonges et de meurtres. Cette nouvelle adaptation du roman de Patricia Highsmith publié en 1955 est davantage fidèle à l’œuvre originale que ne l’était celle de René Clément et son scénariste Paul Gégauff, le célèbre thriller Plein Soleil, réalisé en 1960 avec Alain Delon dans le rôle de Ripley. La version de Minghella met l’accent sur la confusion sexuelle de Ripley et son attirance pour sa victime, au détriment de la fiancée de Dickie, Marge Sherwood Gwyneth Paltrow, objet de convoitise dans la version Gégauff/Clément. Minghella approfondit l’étude psychologique de chaque personnage et transforme Ripley en caméléon, mélange d’arriviste fasciné par le monde du luxe et de psychopathe criminel aux pulsions schizophréniques. La première partie du film déploie des trésors de sophistication pour décrire l’existence dorée de la jeunesse bourgeoise américaine en villégiature en Europe, profitant des plaisirs des voyages, du jazz et de la dolce vita romaine. A partir du premier meurtre, le film bascule dans un labyrinthe mental angoissant, et sonne souvent juste dans son portrait de l’ambigu Ripley, imposteur génial, criminel accidentel et homosexuel honteux. Le film bénéficie d’une distribution exceptionnelle, avec un ensemble de comédiens anglo-saxons remarquables qui allaient confirmer par la suite l’étendue de leur talent les Américains Matt Damon, Gwyneth Paltrow, Philip Seymour Hoffman, le Britannique Jude Law et l’Australienne Cate Blanchett à l’orée de leurs brillantes carrières. Gwyneth Paltrow et Jude Law dans Le Talentueux Monsieur Ripley
Italie fin des années cinquante. Le jeune Dickie Greenleaf mène la dolce vita grâce à la fortune de son père, en compagnie de Marge Sherwood. Plutôt irrité par son comportement irresponsable, Herbert Greenleaf, riche armateur, demande à Tom Ripley de ramener son fils en Amérique. Tom découvre un monde éblouissant, qu'il ne soupconnait pas, et ira jusqu'au
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Sile nom de Patricia Highsmith n’est pas crédité, on retrouve pourtant certains motifs propres à son univers, déjà bien présents dans L’Inconnu du Nord-Express d’Alfred Hitchcock, mais aussi dans Plein soleil de René Clément (et donc forcément dans Le Talentueux Mr. Ripley – The Talented Mr. Ripley d’Anthony Minghella), notamment cette homosexualité
Ce film n’est plus disponibleParce que le réalisateur du patient anglais n'aura eu le temps de ne réaliser que 6 films dont celui-ciA la fin des années 50, un jeune homme aux talents d'imposteur et de caméléon, Tom Ripley, est chargé par un constructeur de bateaux de ramener à New York son fils Dickie Greenleaf parti dilapider la fortune paternelle en Italie. Ripley devient l’ami de l’héritier frivole, tombe amoureux de lui, le tue et endosse son identité, s’engouffrant dans une spirale de mensonges et ...Ce film n’est plus disponible1 min avant2 min aprèsLes avis sens critiqueLes + de filmo1 min avantCette nouvelle adaptation du roman de Patricia Highsmith publié en 1955 est davantage fidèle à l’œuvre originale que ne l’était celle de René Clément et son scénariste Paul Gégauff, le célèbre thriller Plein Soleil, réalisé en 1960 avec Alain Delon dans le rôle de Ripley. La version de Minghella met l’accent sur la confusion sexuelle de Ripley et son attirance pour sa victime, au détriment de la fiancée de Dickie, objet de convoitise dans la version Gégauff/Clément. Minghella approfondit l’étude psychologique de chaque personnage et transforme Ripley en caméléon, mélange d’arriviste fasciné par le monde du luxe et de psychopathe criminel aux pulsions schizophréniques. La première partie du film déploie des trésors de sophistication pour décrire l’existence dorée de la jeunesse bourgeoise américaine en villégiature en Europe, profitant des plaisirs des voyages, du jazz et de la dolce vita romaine. A partir du premier meurtre, le film bascule dans un labyrinthe mental angoissant, et sonne souvent juste dans sa description de Ripley, imposteur génial, criminel accidentel et homosexuel honteux. Le film bénéficie d’une distribution exceptionnelle, avec un quatuor de comédiens anglo-saxons excellents qui allaient confirmer par la suite l’étendue de leur talent les Américains Matt Damon, Gwyneth Paltrow, Philip Seymour Hoffman, le Britannique Jude Law et l’Australienne Cate Blanchett à l’orée de leur brillante carrière. Le cinéaste britannique Anthony Minghella fut d’abord scénariste pour la télévision et auteur dramatique. Après le succès et les oscars de son troisième long métrage Le Patient anglais en 1996, il se spécialisa dans des productions américaines aux sujets "adultes" et artistiques portées par des distributions prestigieuses. En 2000, il s’associe au sein de Mirage Enterprises avec le cinéaste Sydney Pollack et produira avec lui ses trois longs métrages suivants. Le Talentueux M. Ripley sera suivi de Retour à Cold Mountain, avec Nicole Kidman et Jude Law, et Par effraction, avec Jude Law et Juliette Binoche. Anthony Minghella est décédé en 2008 à l’âge de 54 ans. Dans le même genre vous pouvez trouver PLEIN SOLEIL ou encore L'AMI AMÉRICAIN .
La2e partie nous montre Ripley usé de ses talents, mais en parallèle nous montre aussi qu'il n'est pas infaillible; à plusieurs reprises il fera face à ces contradictions qu'il devra gérer et sera
Patricia Highsmith met en scène un jeune homme qui contrefait, imite "Tom le regarda. Peter lui avait parlé de son vieux château en Irlande et lui en avait montré des photos. Le souvenir de ses relations avec Dickie lui traversa l’esprit comme un cauchemar, comme un fantôme livide et maléfique. C’était, se dit-il, parce que la même chose pouvait arriver avec Peter. Peter, l’intègre, Peter, qui ne soupçonnait rien, le naïf, le généreux, le brave type – la seule différence, cette fois, c’était que lui, Tom, ne ressemblait pas assez à Peter. Mais un soir, au grand amusement de Peter, il avait pris l’accent anglais et avait imité le maniérisme de Peter et sa façon de pencher la tête d’un côté en parlant, et Peter avait trouvé cela d’une drôlerie irrésistible. Tom se disait maintenant qu’il n’aurait pas dû faire cela. Il en avait terriblement honte, de cette soirée, et du fait qu’il avait pensé, fût-ce un instant, que ce qui était arrivé avec Dickie pourrait arriver avec Peter." Extrait du Talentueux M. Ripley, roman qui ouvre la série Ripley Pour Charles Dantzig, Patricia Highsmith n'est peut-être pas un auteur de génie, mais elle a tenté d'éviter l'unité si facile des personnages de criminels avec le personnage de Ripley. Elle a eu d'autre part, la finesse de ne pas donner d'explication causale à ses actes. Il ne tue pas pour telle ou telle raison, psychologique ou autre. Il tue. Nous regardons ses actions, comme on regarderait une rivière qui coule. L'intéressant est que ce personnage, par le biais d'adaptations diverses au cinéma, a été envisagé de différentes façons. L'interprétation la plus riche, à mon sens, est celle de Matt Damon, sous la direction d'Antony Minghella ». Qui est le Ripley, crée par Patricia Highsmith ? Qui est le Tom Ripley interprété par Matt Damon dans le film d’Anthony Minghella ? Pour en parler, Charles Dantzig reçoit le critique littéraire, romancier, traducteur et scénariste de François Rivière. Biographe de Patricia Highsmith, il a interviewé, jeune journaliste, Patricia Highsmith et deux fois encore, avant 1990. Il a publié Un long et merveilleux suicide regard sur Patricia Highsmith aux Éditions Calmann-Lévy", 2003. Sa série BD Albany avec Floc'h fait l'objet d'une nouvelle édition qui regroupe plusieurs aventures sous le titre, Une amitié singulière Dargaud, sortie prévue le 27 mars prochain Pour afficher ce contenu Youtube, vous devez accepter les cookies cookies permettent à nos partenaires de vous proposer des publicités et des contenus personnalisés en fonction de votre navigation, de votre profil et de vos centres d'intérêt. Auteur Patricia Highsmith. Romancière, nouvelliste. 1921-1995. Américaine. Athée. Lesbienne. Œuvre cinq romans Monsieur Ripley, The Talented Mr Ripley, 1955 ; Ripley et les Ombres, Ripley Under Ground, 1970 ; Ripley s’amuse, Ripley’s Game, 1974, Sur les pas de Ripley, The Boy Who Followed Ripley, 1980, Ripley entre deux eaux, Ripley Under Water, 1991. Personnage Tom Adaptations Plein soleil, film de René Clément, en 1960, Alain Delon interprétant le rôle de Ripley. Pour afficher ce contenu Youtube, vous devez accepter les cookies cookies permettent à nos partenaires de vous proposer des publicités et des contenus personnalisés en fonction de votre navigation, de votre profil et de vos centres d'intérêt. L’Ami américain, film de Wim Wenders, 1977, Ripley Dennis Hopper. Le talentueux M. Ripley, film d’Anthony Minghella, 1999, Ripley Matt Damon. Ripley’s Game, film de Liliana Cavani, 1999, Ripley John Malkovitch. M. Ripley et les ombres, film de Roger Spottiswoode, 2005, Ripley Barry Pepper. Bibliographie Anthony Minghella, Le talentueux M. Ripley, DVD Patricia Highsmith, chez Calmann-Lévy Le Talentueux M. Ripley Ripley et les ombres Ripley s’amuse Sur les pas de Ripley Charles Dantzig, Je m’appelle François, Grasset et le Livre de poche Charles Dantzig et Personnages, Sur Facebook Instagram cdantzig
Cetarticle vise à explorer, avec l’aide de la psychanalyse, le crime en tant que destin extrême de la jalousie, à travers diverses figurations artistiques dans la littérature et le cinéma. En premier lieu, sont examinées deux versions névroticoformes de la fureur possessive, une féminine, l’autre masculine, aboutissant au crime passionnel. Ensuite, est abordée la jalousie
This post about Procida, a small island in the Bay of Naples, is the first of three dedicated to relations between places and cinema written after a trip through Campania. Ce petit tour sur l’île de Procida, dans la baie de Naples, inaugure une série de trois billets tirés d’un voyage en Campanie, qui décrivent autant de cas différents sur les liens entre lieux et cinéma. English Français Reference English Sorry, no translation yet. Ready to give a hand ? Anyway, give a look to this automatic Google translation to get an idea of the content. Français Après la beauté du paysage, les délicates couleurs pastel des maisons sur le port et l’omniprésence des vélos électriques qui parcourent sans bruit les charmantes ruelles pavées de basalte, ce qui frappe à Procida, la plus discrète et préservée des îles de la baie de Naples, c’est la présence forte du cinéma, qu’elle revendique d’ailleurs en s’autoproclamant Isola del Cinema. Malgré la petite taille de l’île, cette présence est suffisamment forte et variée pour permettre de distinguer et d’analyser différentes formes de matérialisation de la fiction cinématographique, qui sont autant de traces que les films ont laissé dans l’île. Les films dans l’île Première forme de matérialisation le panneau touristique C’est la plus officielle des matérialisations, celle des panneaux indiquant in situ les lieux de tournage de films ou de séries télévisées sur l’île. Ceux-ci sont nombreux Graziella 1955, Plein Soleil 1960, L’Île des amours interdites L’isola de Arturo 1962, Détenu en attente de jugement 1971, Le talentueux Mr. Ripley 2000, Francesca et Nunziata 2002 … Chaque lieu de l’île qui apparaît dans un film est dûment répertorié sur ces panneaux métalliques détaillant l’équipe technique et le scénario et illustrant avec des photogrammes la manière dont le lieu a été mis en scène. Ce premier niveau de matérialisation de la fiction, très documentaire et cinéphilique obéit visiblement à un programme officiel de valorisation des lieux par la cinématographie. On trouve d’ailleurs les mêmes panneaux dans plusieurs quartiers de Rome. Un film l’emporte à la fois par le nombre de panneaux qui lui sont consacrés et par le fait qu’il est mentionné sur tous les autres. Il s’agit du Facteur Il Postino. Réalisé en 1994 par Michaël Radford, d’après le roman Une ardente patience de Antonio Skármeta, ce film raconte l’amitié entre le poète Pablo Neruda exilé durant les années cinquante dans une île italienne et un postier du cru, qu’il initiera à la poésie pour l’aider à séduire Béatrice, la jeune femme dont il est tombé amoureux. Au-delà de la localisation de nombreuses scènes, d’autres éléments ont contribué à faire de Procida l’Isola del Postino », l’île du Facteur, qu’indiquent les panneaux. Le film est imprégné de la présence de l’étonnant Massimo Troisi, acteur et réalisateur napolitain, et donc enfant du pays, qui a contribué à l’adaptation du roman. Sa mort par infarctus le lendemain de la fin du tournage après qu’il avait reporté une chirurgie du cœur pour faire le film a vraisemblablement créé un lien émotionnel local. Le succès italien puis planétaire du film a aussi largement contribué à la notoriété d’une île moins fréquentée par les touristes que ses voisines d’Ichsia et Capri. Deuxième forme de matérialisation le photogramme publicitaire Le lien avec Il Postino s’exprime à Procida par des matérialisations de la fiction d’une deuxième forme, moins formelle et planifiée, plus spontanée. Les propriétaires des établissements utilisés comme décors ne manquent pas d’utiliser ce film au grand succès public pour attirer le chaland. Ainsi le restaurant du petit port de la Marina de Corricella où ont été tournées les scènes de l’auberge Vino et Cucina s’appelle maintenant La locanda del Postino et mentionne le tournage sur son menu. Il expose aussi des photos du film dans la salle à manger. Si l’on en croit la photo ci-dessous et si l’on a bien lu ce blog, la vraie serviette en cuir du facteur était même visible il y a quelque temps. Du coup, on se demande si la bicyclette posée sur le mur en dessous de la photographie prise à l’été 2015 est bien là par hasard. Juste à côté sur le quai, un panneau présente un mélange de photogrammes tirés du film et de photos de tournage présentant les acteurs, avec comme légende le film, les lieux, le mythe, comme pour souligner l’enjeu de ces dispositifs, participer à l’élaboration d’une mythologie dont on ne sait pas si elle concerne le film lui-même ou sa transposition locale. Le bar d’une plage de Procida où fut tournée une des scènes entre Neruda et le facteur ne se contente pas d’exposer les photographies du film pour la promotion des parasols et chaises-longues qu’il loue. Il documente le phénomène au moyen de coupures de presse qui s’en font l’écho, comme pour attester la réalité de l’évènement mais aussi participer à l’élaboration du discours qui seul peut créer et entretenir un mythe. La mention no foto » sur le panneau tente sans grand succès de modérer une nouvelle validation par le touriste lui-même de ce dont les photos puis les coupures de presse viennent témoigner Il Postino a bien été tourné ici. Des signes témoignent de cette consolidation du mythe, comme l’existence de représentations secondes illustrant la scène originelle. En remontant la via Vittorio Emmanuel à l’heure de la sieste, on remarque un superbe Postino peint sur le rideau de fer baissé d’un magasin. Bien sûr on pourra souligner le caractère essentiellement mercantile et commercial de cette construction mythologique, qui utilise la présence d’un lieu dans un film comme un argument de publicité. Ces matérialisations n’en sont pas moins le témoignage d’un lien particulier avec le film, qui répond d’ailleurs à la curiosité des visiteurs, nombreux à demander où a été tournée telle ou telle scène du film. Troisième forme de matérialisation le toponyme Il Postino offre un troisième ordre de matérialisation plus accompli, d’ordre toponymique. On en avait un aperçu avec la tentative de renommer Procida l’Isola del Postino, ou le nouveau nom donné au restaurant, mais un changement de toponyme réel a eu lieu en 2010 quand la municipalité a décidé, en même temps qu’elle donnait à une place le nom de Massimo Troisi, de renommer la Spiaggia del Porto Vecchio la plage du vieux-port la Spiaggia del Postino. Les références sur Facebook et Instagram intègrent déjà cette nouvelle appellation, tandis que Google Maps affiche en cet été 2015 l’ancien toponyme. Si l’on en croit les coupures de journaux du bar, la décision municipale est venue officialiser une appellation vernaculaire, devenue depuis longtemps courante chez les habitants et les vacanciers. Le changement toponymique se manifeste d’ailleurs par des plaques officielles mais aussi par l’inscription manuscrite sur la carte de l’île distribuée aux touristes par les professionnels. Sur Internet on découvre que le phénomène n’est pas unique. Il existe en effet en Italie une deuxième plage nommée del Postino », située elle à Salina, dans les îles éoliennes, où certaines scènes du film ont aussi été tournées. Dans le cas présent, la nature et la vie moderne combinées régleront peut-être l’éventuel conflit de paternité, la plage de Salina semblant menacée de disparaître suite à l’érosion et à la fréquentation des bateaux à moteur. Le film et l’île Après cet inventaire des traces du film dans l’île, il faut procéder symétriquement à celui des traces de l’île dans le film. Et là, il faut bien admettre que Procida n’est pas aussi présente qu’annoncé. D’abord, les intérieurs dominent le film auberge, maison de Mario et de Neruda, bureau de poste …. Les vues de Procida sont fugaces un carrefour entraperçu au coin de la rue Vittorio Emanuelle, l’intérieur et l’extérieur de la merveilleuse église della Madonna delle Grazie. La plupart des scènes d’extérieur y sont tournées en plan serré ne laissant rien voir du paysage, qu’il s’agisse des barques sur la Marina de Corricella ou des vues de l’auberge. Les grands paysages du film sont en fait ceux de Salina, aux reliefs plus marqués et filmés en plans larges, qu’il s’agisse de la maison de Neruda, de la montagne plongeant dans la mer que le facteur grimpe à bicyclette ou de la plage aux falaises abruptes. L’île du Postino est donc un mélange des deux îles, Procida apportant quelques touches urbaines aux décors naturels montagneux de Salina. La fameuse scène dans laquelle Mario rejoint Neruda qui s’apprête à se baigner illustre bien ce collage. Neruda salue Mario aux pieds des falaises à Salina, puis pose sa serviette sur le sable de la plage de Procida, dont le cadrage vers le large ne permet en fait que distinguer les deux pointes, dont l’une est assez abrupte pour être raccord avec la falaise de Salina, dès lors que le cadre ne monte pas trop haut. C’est en effet le propre du cinéma que de créer des espaces qui lui sont propres en réagençant les lieux filmés, selon des critères esthétiques, mais aussi purement logistiques lumière, accès, arrière-plan visible… L’île du Postino n’est ni Procida, ni Salina mais une troisième île imaginaire, qui absorbe des traits des deux lieux réels pour en faire un hybride dont la réalité est issue du récit cinématographique. Le film n’est pas le portrait d’une île mais d’un homme, Mario, et de son lien à Neruda. L’île n’est qu’un maillon de la chaîne qui les relie, à côté de la politique et de la poésie. Et c’est en enregistrant pour le poète les sons de l’île que Mario continue le dialogue après son départ. Procida et Salina ne font pas partie du scénario. Skármeta situait son roman dans les années 70 à Isla Negra au Chili, qui n’est pas une île mais une localité où Neruda avait une maison située sur le littoral pacifique au nord de Valparaiso. Dans la réalité Neruda a bien passé quelques mois de son exil dans une île de la baie de Naples en 1952, mais c’était à Capri. Les scénaristes déplacent donc l’intrigue du roman à la fois dans le temps et dans l’espace, du Chili avant et après Allende à l’Italie démocrate-chrétienne des années cinquante. Le film évoque discrètement ce déplacement par le plan où Mario annote une carte du Chili. Le changement de période explique la nécessité de trouver des décors de village et des paysages naturels préservés pour évoquer une Capri d’avant le tourisme, ce que fournissent Procida pour la ville et Salina pour la campagne. L’île imaginaire du Postino flotte entre les temps et les lieux et peut en fait se poser où on le souhaite Capri 1950, Isla Negra 1973, Procida 1994, Salina 1994. Conclusion Procida est un bel exemple de lieu de cinéma. L’île a attiré de nombreux tournages et s’en sert pour sa valorisation touristique. Le lien avec Il Postino est privilégié, même si comme on l’a vu la présence de l’île dans le film reste assez furtive. Les traces laissées par le film, ces matérialisations de la fiction, ne sont pas qu’une simple exploitation touristique ou commerciale. Les photogrammes exposés in situ peuvent se comprendre comme le signe d’un échange entre deux modes d’existence différents. Avoir été immortalisé par une œuvre cinématographique ajoute au lieu une dimension artistique et culturelle, mais aussi sociale, surtout quand le film, comme c’est le cas du Postino, a touché le cœur du public, local comme étranger, et demeure dans sa mémoire. Devenu classique, le film souligne le lieu d’un trait léger d’universalité. En sens inverse, le film, objet immatériel, flux lumineux par nature évanescent, tire de son inscription dans un lieu, même transfiguré, un niveau de réalité plus concret et tangible, il acquiert une proximité. L’échange est ténu mais réel. L’échange est aussi d’ordre temporel. Des moments distincts sont mis en correspondance dans ces expositions in situ de scènes de film. Celui, précisément daté, du tournage se manifeste sous une forme documentaire, qu’accompagne des images du film pour témoigner du phénomène de transposition du réel vers le cinématographique qui s’est produit en ce lieu. Les deux objets sont toujours visibles, mais le lieu réel a changé et continue à se transformer tandis que le lieu cinématographique est définitivement figé, même si le regard qu’on porte sur lui change. La Procida de 2015 est ainsi beaucoup plus ripolinée que celle que présente le film en 1994. Le moment du tournage s’éloigne inexorablement dans le passé et bascule dans le mythe mais offre un repère temporel aux visiteurs pour y associer leur temps personnel, fonction de leur visionnage du film. Ceux qui ont vu le film se remémorent les circonstances et les moments de leur vie d’alors. Ceux qui le reverront suite à leur séjour dans l’île, répéteront sur un mode imaginaire ce voyage passé. PS Pour conclure ce panorama des matérialisations de la fiction dans une île déjà évoquée par Virgile et Boccace, on ne peut ignorer la maison de Graziella », nom donné à une maison typique de la fin du XIXè transformée en musée, en hommage à l’héroïne de Procida imaginée par Lamartine dans son roman Grazziella. Reference/Référence Work Title/Titre de l’oeuvre Il Postino, le facteur, The PostmanAuthor/Auteur M. RadfordYear/Année 1994Field/Domaine CinemaType Edition/Production Language/Langue itGeographical location/localisation géographique Procida Salina Capri Remarks/Notes Flickr Set/Album Flickr Gallery/Expo Kind of materialization/Type de matérialisation panneaux, signs,Object îleCharacter Author Location in work/localisation dans l’œuvre partoutGoogle Maps Google StreetView Panoramio Geographical location/localisation géographique Coordinates Remarks/Notes Kind of materialization/Type de matérialisation toponymeObject plageCharacter Author Location in work/localisation dans l’œuvre Google Maps StreetView Panoramio Geographical location/localisation géographique ProcidaCoordinates
Étiquette: le talentueux mr ripley. LE TALENTUEUX MR RIPLEY Publié le 1 mars 2020 5 juin 2022 par Basile St Verraut dans 90s, Année, Drame, Film étranger, Genre, Origine, Type. 2 commentaires . Trouver. Recherche pour : Recherche. Confidentialité et cookies : ce site utilise des cookies. En continuant à naviguer sur ce site, vous acceptez que nous en utilisions. Pour
Vous ne savez pas quoi regarder ce soir ? Les membres de notre rédaction vous indiquent les films à voir ou ne pas voir. Au programme l'élève Ducobu part en vacances, les débuts au cinéma de Brigitte Fossey et une fresque par les Wachowski. Permis de mater »Chaque soir, la rédaction d'Allociné vous indique les trois incontournables à ne pas film de la soirée est Jeux interdits de René Clément avec Brigitte Fossey, Georges Poujouly HD1, 20h50 "Un film bouleversant, avec Brigitte Fossey dans son premier rôle. Un vrai classique qu’il faut avoir vu au moins une fois dans sa vie !" Brigitte Baronnet Egalement à la télé ce soir Cloud Atlas de Andy & Lana Wachowski, Tom Tykwer avec Tom Hanks, Halle Berry Canal + Cinéma, 20h45 "Un film dense, qu’il faudra sûrement revoir pour en saisir toutes les subtilités. Néanmoins, dès la première projection, on se laisse porter par cette folle odyssée, ces acteurs grimés, cette audace scénaristique… Il y a de la poésie chez les Wachowski mais aussi beaucoup de profondeur. N’est-ce pas cela que l’on attend du cinéma ?" Mathilde Degorce Le Marginal de Jacques Deray avec Jean-Paul Belmondo, Henry Silva W9, 20h50 "Un film d’action à la gloire de Bébel qui vous permettra de le redécouvrir au top de sa forme roulant des mécaniques, castagnant du malfrat à tout va et se livrant à ses petites cabrioles favorites sur terre, sur mer ou dans les airs… Et ce pour notre plus grand plaisir !" Guillaume Martin Permis de zapper »Chaque soir, un de nos rédacteurs vous déconseille un film de son Vacances de Ducobu de Philippe de Chauveron avec Elie Semoun, Joséphine de Meaux Ciné + Famiz, 20h45 "Dans la bande dessinée, les histoires durent le temps de quelques vignettes à peine. Mais sur un format de 90 minutes, difficile de ressentir autre chose que de l'ennui. On a certes vu pire mais on est encore très loin d'une bonne adaptation de BD au cinéma..." Clément Cusseau Permis de parler »Et sinon, parmi tous les films qui passent ce soir, quel est votre favori ? Pour retrouver l’ensemble des programmes, accédez directement à la grille en cliquant ici.
Lacritique de The Talented Mr Ripley par Éric Libiot (L’Express, 9 mars 2000) est à cet égard particulièrement emblématique. Le Talentueux Monsieur Ripley est la version bien propre et américaine de Plein soleil. C’est la règle du jeu. Dès qu’un remake pointe le bout de la pellicule, on assiste à une redistribution des cartes et chacun y va de sa comparaison. Dans cette
296 669 475 banque de photos, images 360° panoramiques, vecteurs et vidéosEntrepriseSélectionsPanierBonjour!Créer un compteSélectionsNous contacterSélectionsPartagez des images Alamy avec votre équipe et vos clientsCréer une sélection ›EntrepriseTrouvez le contenu adapté pour votre marché. Découvrez comment vous pouvez collaborer avec EntrepriseÉducationJeuxMuséesLivres spécialisésVoyagesTélévision et cinémaRéservez une démonstrationRechercher des imagesRechercher des banques d’images, vecteurs et vidéosFiltresLe talentueux mr ripley Photos Stock & Des Images0
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Date de sortie 8 mars 2000 2h 14min De Anthony Minghella Avec Matt Damon, Jude Law, Philip Seymour Hoffman , Gwyneth Paltrow Genres Thriller, Drame Nationalité Américain Synopsis d’allociné Italie, fin des années cinquante. Le jeune Dickie Greenleaf mène la dolce vita grâce à la fortune de son père, en compagnie de Marge Sherwood. Plutôt irrité par son comportement irresponsable, Herbert Greenleaf, riche armateur, demande à Tom Ripley de ramener son fils en Amérique. Tom découvre un monde éblouissant, qu’il ne soupçonnait pas, et ira jusqu’au meurtre pour conserver cette vie de rêve. Le trio formé par Jude Law, Gwneth Paltrow et Matt Damon Avis Lorsque j’ai vu que Le talentueux Mr Ripley était rediffusé à la télé, j’ai sauté sur l’occasion pour le voir. Je ne sais pas trop pourquoi mais je l’ai raté lors de sa sortie au cinéma. J’avais l’occasion de voir des acteurs tels que Jude Law et Matt Damon que j’apprécient énormement. Avec ce film vous revenez fin des années 50 où pour aller en Europe depuis les Etats-Unis on prend le bateau. On s’échange des télégrammes ou des lettres. L’atmosphère est très envoutante. Cela commence par un malentendu innocent, une supercherie, qui aura des conséquences fatales. L’ambiance du film monte en puissance, la tension est palpable.. Le scénario est très bien construit, on ne s’ennuie pas un instant. C’est un thriller classique et efficace. On suit avec attention les personnages. Ils sont interprétés par des acteurs talentueux comme Jude Law alors au début de sa carrière ou Matt Damon. Ils ont tous un jeu impeccable, chacun jouant sa partition à merveille. C’est intéressant de voir ces acteurs maintenant chevronnés à leur début. Je dois l’avouer, j’ai un petit faible pour Jude Law, franchement qui ne se perdrai pas avec lui. Il fait perdre la tête à tout le monde. Que dire de Matt Damon, il joue à merveille, il a un des personnages principaux. Gwyneth Paltrow complète ce trio. Ce n’est pas une de mes actrices préférées d’ailleurs je n’ai pas vu beaucoup de ses films mais elle jouait bien son rôle. Un bon film a besoin aussi de personnages secondaires à la hauteur. Cate Blanchett et Patrick Seymour Hoffmann remplissent aisément cette tache. Malheureusement Patrick Seymour Hoffman est décédé en février 2014. J’ai aimé voir ce film, je le recommande. Il arrive de passer à coté de grands films à leur sortie, c’est ce qui m’est arriver. Chose maintenant réparée. Auteur du blog Viver a vida is wonderful, Traveladdict, éternelle bavarde et buveuse de capirinha mes passions sont multiples. Bienvenus ici !
RZKAXt. 2iye753i5i.pages.dev/4722iye753i5i.pages.dev/2292iye753i5i.pages.dev/1112iye753i5i.pages.dev/2982iye753i5i.pages.dev/1802iye753i5i.pages.dev/1422iye753i5i.pages.dev/72iye753i5i.pages.dev/346
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